Maison 12 rue Descartes à Tours (Indre-et-Loire) – Étude d’archéologie du bâti et sondage
Date : 2015
Commanditaire : DRAC Centre-Val de Loire
Propriétaire : Privé
Protection au titre des Monuments Historiques : secteur sauvegardé
Responsable d’opération : F. Tournadre (en collaboration avec J. Noblet)
Résumé :
Cette fouille de sauvetage urgent accompagnait le ravalement des élévations et le complet réaménagement intérieur de la dernière maison médiévale non restaurée située au cœur du quartier canonial Saint-Martin. Livrée à un marchand de biens indifférent à la préservation du patrimoine, la maison a fait l’objet d’une étude visant à suivre au plus près les découvertes fortuites liées à ces funestes travaux. D’une part, une analyse archéologique du bâti a été menée, d’autre part, des sondages ont été ouverts dans la cave. Face aux contraintes d’avancement du chantier, un scanner 3D de la charpente médiévale, sauvée in extremis de la destruction, a été effectué afin d’enregistrer un maximum d’informations. Cette demeure de la seconde moitié du XIIe siècle, utilisée probablement par un membre du chapitre, comprenait à l’origine une salle basse excavée éclairée par de hauts jours tombants et une salle haute sous charpente pourvue d’élégantes baies géminées. Au cours du XIIIe siècle, de profonds changements sont apportés : un niveau de caves, couvertes d’ogives à pans abattus reposant sur des culots tronconiques et sur un support central trapu, est ajouté. Quant à l’étage noble, il est embelli par des peintures murales : l’ensemble des parois est recouvert d’un faux-appareil à joints rouges et les lignes de force de l’architecture, comme les arcs en plein cintre des baies, sont soulignées par un semis de fleurs, regroupées dans des trilobes noirs. La charpente est reconstruite au début du XVe siècle mais hélas très endommagée lors des aménagements de 2015. Datée par dendrochronologie, cette structure à chevrons-formant-fermes, reprenant la pente de la charpente précédente et s’adaptant aux pignons du XIIe siècle, présente un parti original pour son époque, dépourvu de faîtière. Au cours des siècles suivant, la maison connaît plusieurs transformations et remaniements qui modifient progressivement sa distribution et sa physionomie générale. Les travaux désastreux de 2015 ont finalement entraîné la destruction des planchers et pans de bois intérieurs médiévaux, le piquetage des élévations, le sciage de nombreux bois de charpente, la condamnation des peintures murales et l’envoi à la déchetterie de toutes les menuiseries du XVIIIe siècle. Triste exemple de réhabilitation, qui témoigne de la menace permanente qui pèse sur le patrimoine tourangeau, y compris en secteur sauvegardé. Lire l’article en PDF, publié dans le Bulletin monumental : « Sauvetage urgent d’une maison canoniale du XIIe siècle 12 rue Descartes. Les apports de l’archéologie du bâti »